Amra, Tab et Lela, nos incorrigibles rêveurs, courent toujours après leurs papillons. Ils n’ont pu échapper à l’effervescence qui remplit les rues, et étreint les cœurs depuis plusieurs mois. Djazaïr, Algérie, ton nom est crié, scandé, chanté, pleuré. Il résonne dans l’azur et fait briller d’une joie unique, les yeux des femmes et des hommes. Les enfants heureux suivent et se saisissent du mot qui prend son sens. Ils l’étreignent, le ressentent et hument les effluves d’un parfum inconnu et enivrant. Ils sentent qu’ils approchent enfin le bonheur de vivre heureux chez eux.
Nos amis s’approchent de l’oiseau céleste immense et vénérable qui couvre le pays de ses immenses ailes. Il l’aime ce pays lui aussi, et telle la bénédiction des aïeux, son amour est inconditionnel. « Je sais l’intelligence, la fougue, le courage et la fierté qui vous caractérisent leur dit-il, mais aussi l’errance, l’intempérance, et la désinvolture qui ont menés là où nous sommes. Votre débrouillardise et votre fierté sont légendaires, mais il ne sert à rien de parler du passé glorieux, ou des bourreaux actuels, il vous faut compter sur vous-même et trouver les moyens de tracer une nouvelle route comme le suggère la leçon de vie du sage qui vivait dans la montagne. Il vit un scorpion se noyer dans un oued. Il essaya de le sortir de l’eau, mais le scorpion le piqua et tomba dans l’eau. Il tenta une seconde fois de le sortir mais le scorpion le piqua de nouveau. Un homme qui passait par là lui dit : Excusez-moi Maitre, mais vous ne comprenez pas que chaque fois que vous tenterez de le sortir, le scorpion vous piquera ? Le maitre répondit : La nature d’un scorpion est de piquer et cela ne va pas changer la mienne qui est d’aider. Alors à l’aide d’une feuille, le maitre tira le scorpion et sauva sa vie. Que devez-vous sauver, demanda l’oiseau céleste ? L’avenir de nos enfants avant tout, répondent en chœur nos 3 amis ! Telle la feuille symbole qui porte la marque de nos traces en ce monde, nous devons nous préoccuper de la richesse intellectuelle, économique et sociale de notre pays. Chacun à son niveau, grand ou petit, riche ou pauvre est en devoir d’agir. Vous parents, expliquez et portez haut nos valeurs ancestrales. En tant qu’employés, racontez l’effort et le travail honnête. Et Toi l’enfant, écoute, questionne et cherche à comprendre. Lorsque tu deviendras ce grand jeune homme et toi, cette belle jeune fille souriante, dessine tes ambitions et sculpte tes rêves dans la terre de tes aïeux et le ciel d’Algerie.
Le seul chemin est celui de la connaissance et du dialogue, je vous propose de faire le chemin ensemble, moi par les questions, vous par les réponses, puis vice-versa. Il nous faut parler pour échanger, construire la rencontre des avis et opinions pour créer les symboles et modèles qui vont guider nos pas. Chacun peut prendre librement la parole sur la Charika, mais la règle est de le faire par le biais des objets et des êtres qui nous entourent. On peut faire appel aux fables et aux histoires traditionnelles pour construire le cadre et pour rendre le propos intéressant. La valeur de la contribution est l’intérêt qu’elle peut susciter.
Débutons par la charika. Elle est la meilleure façon de parler de notre société. Elle reflète nos forces et nos angoisses. Elle est le paratonnerre de nos colères et de nos émotions. Elle est le témoin de nos hésitations, de nos erreurs, de nos faiblesses, mais également la fusée porteuse de nos ambitions. C’est pour cela qu’elle est le personnage idéal pour parler du pays.
Au cours de son voyage, la Charika a rencontré quelques figures emblématiques de notre identité. Notre drapeau agite plus fort que jamais, ses couleurs chatoyantes au-dessus de nos têtes, les racines de l’olivier et l’abondance de ses fruits rappellent que nous sommes un peuple sage et éternel. Le chemin de la vérité est difficile et nous ne pouvons ignorer la brulure écarlate et suintante de Sirat el Mout qui ronge notre société et le désespoir qui hante nos enfants et détruit notre avenir. Sur le chemin, vous rencontrerez plusieurs autres. Prêtez-leur attention et donnez-leur la parole ! Décrivez cela à nos enfants et suscitez leur participation. Le Morgh nous a convaincus qu’en parlant de la charika à nos enfants, tout ce que nous pourrions découvrir sera constructif. En particulier, cela nous permettra de reconstruire notre conception nationale de la Charika et de découvrir notre chemin vers la libération économique et sociale.